La loi sur l'autorisation de la défense nationale 2022 (National Defense Authorization Act) oblige le Pentagone à maintenir un bureau d’étude sur les ovnis. Nommé UAPTF, puis AOIMSG (Airborne Object Identification and Management Synchronization Group) il sera appelé à changer de nom. Il a pour but de collecter et analyser des données relatives aux phénomènes ovnis.
Ronald Moultrie, patron du Renseignement du Pentagone et Scott Bray, directeur adjoint du Renseignement naval ont exposé l’avancement des travaux de ce bureau lors d’une audience publique le 17 mai (la dernière remontant aux années 1960, lors de l’audition des responsables du rapport Blue Book).
Cette intervention était donc très attendue, car le pré-rapport du Pentagone, publié en juin 2021 alertait déjà sur la réalité des UAP (Unidentified Aerial Phenomena) en déclarant 143 cas inexpliqués sur 144 entre 2004 et 2021, précisant que 80 d’entre eux avaient été observés par plusieurs capteurs et que 18 présentaient des caractéristiques de vol inexplicables. Le rapport précisait également qu’un nombre significatif concernait des intrusions sur des bases militaires, représentant par conséquent une menace potentielle pour la sécurité.
De nouveaux éléments ont été présentés lors de cette audience publique :
- Les responsables annoncent avoir désormais collecté 400 cas, signalant une augmentation croissante depuis vingt ans
- Les ovnis sont considérés comme des phénomènes physiques
- 11 quasi-collisions entre des avions et des ovnis sont mentionnées
- Les responsables souhaitent dé-stigmatiser le sujet afin que les témoins puissent parler librement
- 2 courtes vidéos d’ovnis ont été diffusées, l’une montrant un triangle volant (image pouvant être altérée par un bug graphique dans ce cas) et l’autre présentant un objet sphérique réfléchissant la lumière passant à proximité d’un avion de l’US Navy.
- Concernant l’origine des ovnis le bureau du Pentagone ne confirme pas une origine extraterrestre, mais ne l’exclue pas non plus. Il cite d’autres explications possibles comme du trafic aérien, des ballons, oiseaux, phénomènes atmosphériques naturels ou incursions d’engins étrangers, par exemple russes ou chinois.
La conclusion de cette première audience du bureau d’étude des ovnis du Pentagone peut donc présenter un caractère décevant si on s’attendait à des révélations fracassantes. Cependant, elle marque un effort de transparence en reconnaissant la réalité du phénomène ovni (ce qui était déjà acté depuis quelques années), en affichant une volonté de de-stigmatiser le sujet, et en publiant quelques données. Cette initiative démontre également que les autorités prennent le sujet au sérieux et sont préoccupées par la multiplication des ovnis sur des sites sensibles.
Parmi les non-dits et les points manquant de clarté :
- Il convient de préciser qu’à plusieurs reprises les responsables de l’AIOMSG se sont abstenus de donner beaucoup de précisions sur les caractéristiques de certains ovnis ou des moyens de détections, promettant de les dévoiler dans la seconde séance, elle tenue à huis clos.
- Les responsables semblaient gênés d’admettre, suite à une question du politicien Mike Gallagher, qu’ils ignoraient l’affaire de la base de Malmstrom où en 1967 un ovni a vraisemblablement désactivé des missiles nucléaires américains Minuteman (Cf. déclarations de Robert Salas, officier militaire, présent sur les lieux). En effet, il apparaît surprenant que des personnes spécialisées sur le sujet ovni ne connaissent pas une telle affaire
- Ils ont déclaré ne travailler que sur des cas leur étant rapportés à partir des années 2000. Ici, il est étonnant de constater que ce bureau ne s’intéresse pas aux grandes vagues d’ovnis et événements majeurs du siècle dernier : Foo-fighters suivant des avions pendant la Seconde Guerre Mondiale, bataille de Los Angeles en février 1942, observations massives de disques et sphères volants pendant l’été 1947, intrusions de disques et « boules de feu vertes » sur des sites nucléaires américains du Nouveau-Mexique entre 1948 et 1950, incident du Carrousel de Washington en 1952, multiples témoignages de pilotes dès 1947/1948 (Kenneth Arnold, Emile J. Smith, Georges F. Gorman, Chiles et Whitted, Thomas F. Mantel… 1300 cas de rencontres pilotes-ovnis, majoritairement américains, sont cités dans le rapport de Dominique Weinstein), puis d’astronomes, d'astronautes et scientifiques… Sans compter les grands événements ufologiques qui ont suivi depuis des décennies : vague de 1965, vague de Hudson River de 1983 à 1985, les lumières de Phoenix en 1997, vague de Stephenville en 2008… pour n’en citer que quelques-uns
- Les théories supposant que ces incursions d’objets non identifiés sur des zones militaires seraient des drones chinois ou russes ne reposent à date sur aucun élément ou indice probant.
D’autres audiences publiques du bureau des ovnis américain pourraient avoir lieu ultérieurement et creuser ces points. Voire s’avérer plus audacieux dans ses révélations ? Dans l’immédiat, il peut être noté que la presse française a abondamment relayé l’événement et en suivant très majoritairement des lignes éditoriales sérieuses :
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